dimanche 27 septembre 2009

LA MARE AUX CROCODILES SACRES DE BAZOULE: Mythes et Mystères d’un site touristique²

Alors, ce qui suit est un aperçu de certaines mystères dont on entend parlé, dans certaines contrées d'Afrique dont le burkina Faso. Ceux qui les ont déjà vécu, n'en parle presque jamais, (ce qui fait perdurer justement le mystères,et donc l'attrait!)
il convient donc de Nuancer certaines affirmations faites dans le texte, et ce dire qu'il s'agit d'évements culturels dans un village burkinabè, (tout le monde n'a pas ce type de fois!!).


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Le village de Bazoulé, à une trentaine de kilomètres à l’Ouest de Ouagadougou (B.Faso), abrite un site touristique, la mare aux crocodiles sacrés. Vénérés par les habitants depuis la nuit des temps, les crocodiles disposeraient de pouvoirs extraordinaires.

En saison pluvieuse, le village de Bazoulé est “noyé” dans un écrin de verdure. Partout, l’herbe est verte, le mil, le maïs, l’arachide poussent bien. Les paysans s’attellent aux travaux champêtres. La mare s’étend au Nord du village. L’air frais crée des vaguelettes qui viennent mourir sur les berges. Au milieu de cette étendue laiteuse et ridée on aperçoit de temps en temps des crocodiles faire surface pour prendre un bain de soleil. Comme un joyeux concert, le gazouillement des oiseaux se relaie sur les cimes des arbres. Tel est le spectacle merveilleux qui s’offre aux touristes. Mais combien savent-ils que cette mare est entourée de mystères ?

Pour lever un coin du voile, nous nous rendons au palais du chef de Bazoulé, une bâtisse de style soudano-sahélien située à environ 500 m de la mare. Naaba Kiiba vêtu d’un boubou blanc, coiffé de son bonnet de chef nous reçoit entouré de toute sa cour, sur l’esplanade qui sert de salle d’audience. “Nos ancêtres vivaient en bonne entente avec les crocodiles et les ont pris comme totem. Ils allaient implorer les crocodiles pour de bonnes récoltes, le bien-être de la famille, la santé”, souligne Naaba Kiiba. Les premiers habitants de Bazoulé seraient venus trouver les crocodiles. Selon la légende, ces grands reptiles sont tombés du ciel avec une pluie, il y a plus de 570 ans au cours du règne du Moogho Naaba Kouda dont l’un des enfants a fondé Bazoulé. La population à l’époque souffrait déjà du manque d’eau et devait parcourir 10 à 15 km pour s’en approvisionner dans les villages de Dondoulma, Nabitenga ou Ouelglega. Quand les crocodiles sont apparus, ils ont creusé un grand trou sous des buissons pour y faire leur repaire. L’endroit se transforma en mare où l’eau ne tarit jamais. Lors de certains événements, les “protecteurs du village” se manifestent par des signes.

“Quand il y a des bonnes nouvelles, ou au contraire des malheurs qui vont s’abattre sur le village, on peut le savoir à travers l’attitude des crocodiles”, soutient le chef coutumier de Bazoulé. Par exemple, avant le décès d’un vieux, un crocodile peut se déplacer et se présenter dans sa famille. Le soir venu, les crocodiles de la mare peuvent également mugir aussi fort que des vaches, en battant leurs queues contre l’eau. Les crocodiles font l’objet d’un véritable culte. Chaque année, une grande fête de joie et de reconnaissance appelée “Koom-lacré” est organisée. Le Goog Naaba est chargé des sacrifices rituels. Laissant la fête populaire, les sacrificateurs se rendent dans un bosquet sacré au Sud-Ouest de la mare, formellement interdit aux non initiés encore moins aux touristes. Là se trouve un crocodile énigmatique qui porte des cauris sur la tête. Même au sein des initiés, très peu de gens l’ont déjà vu. Dans ce bosquet sacré, le Goog Naaba immole un âne, un bouc et un coq donnés par le chef de Bazoulé. Par ailleurs, quand un vieux crocodile meurt, il a droit à des funérailles, mais quand c’est un jeune, il est enterré sans cérémonie.

Elèves, étudiants, couples à la recherche d’enfant viennent implorer les crocodiles

Si le premier lieu sacré, la “source”, est exclusivement réservé aux initiés, il existe à l’Est de la mare, un deuxième lieu ouvert à la population et aux touristes. Il est constitué de pierres sacrées. Nous y sommes conduits par Lassané Kaboré, un des sages de Bazoulé. Il explique que ce lieu est très fréquenté surtout les vendredi. Des élèves et étudiants qui veulent réussir leurs examens ou concours, aux couples à la recherche d’enfant, des malades qui veulent recouvrer la santé, en passant par des commerçants en quête de prospérité, beaucoup viennent implorer les crocodiles. Chacun achète un poulet pour le faire immoler sur les pierres sacrées. Selon Lassané Kaboré, au moment du sacrifice on peut savoir si le vœu sera exaucé ou pas à travers la position du poulet. “Si le poulet retombe sur le dos, il n’y a pas de doute, le vœu sera exaucé”, précise-t-il. Le demandeur fait la promesse de revenir si son désir est réalisé.

“Tu promets dans ton cœur d’offrir quelque chose à la pierre-fétiche si ton vœu est exaucé. Mais si ça réussit, il faut vraiment revenir, sinon tu auras d’autres problèmes”, s’est exprimé ainsi le sage Kaboré. Il explique que des gens ont fait plus de 10 ans mais sont revenus honorer leur promesse parce qu’ils “avaient chaud”. Le don n’est pourtant pas compliqué dit-il, il peut s’agir aussi bien d’un mouton, d’un bœuf que d’un poulet tout dépend de ce que l’intéressé a promis au moment du sacrifice. Le retour est soumis à une procédure : “la personne doit revenir dire au chef, qui délègue un vieux pour aller honorer la promesse faite à la pierre”. De plus, à propos de la manifestation des crocodiles à l’occasion de certains événements, Lassané Kaboré a relaté une foule de souvenirs concernant surtout des décès de vieux et des noyades. En outre, le sage précise que “Si un crocodile se présente dans une famille, on lui offre du zoom-koom (boisson faite de farine de mil). S’il refuse, c’est que l’heure est grave. Mais s’il boit, c’est que c’est une bonne nouvelle”.

ous avons recueilli d’autres sons de cloche sur des vœux exaucés. Selon Robert Dolbzanga, enseignant à Bazoulé depuis des années, beaucoup de gens viennent remercier la pierre. Il cite en particulier le cas d’un Tchadien qui, depuis 25 ans, n’arrivait pas à avoir d’enfant. “Je l’ai vu. Il est revenu faire le sacrifice promis parce que son vœu de pouvoir engendrer s’est réalisé”, affirme M. Dolbzanga. Tout récemment, il évoque un jeune revenu des Etats-Unis pour honorer la pierre. Alassane Kéré, journaliste a découvert Bazoulé quand il était étudiant. “C’était dans le cadre des études en option Esthétique littéraire et artistique négro-africaine (ELAN) dirigées par le Pr Salaka Sanou. En 2003, on partait étudier les masques et on a fait une visite à Bazoulé”, se souvient -il. Par la suite, Alassane Kéré a assisté à des cérémonies de “Koom-lacré”. “Ce jour-là, les gens viennent de partout, même de l’extérieur du Burkina Faso pour remercier les crocodiles”, témoigne-t-il. “Si vous ne venez pas tôt, vous ne pouvez pas vous approcher de la mare, tant il y a du monde”, poursuit M. Kéré. La fête des crocodiles ne représente pourtant que la partie émergée des mystères de Bazoulé. A entendre les sages, il existe d’autres traditions qui ne doivent pas être révélées.

Bachirou NANA ""


chuuut!! Mystère!



² source: www.lefaso.net